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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 08:48

 J'ai revu la dame, devenue Paulette pour moi aussi, celle qui est née en 1920. C'était toujours chez sa fille car même si Paulette n'habite pas ici, elle y vient souvent, elle navigue beaucoup de chez l'une à l'autre de ses filles. Pas de maison de retraite pour elle, juste des enfants...

Ce jour-là il pleuvait. Nous étions dans la cuisine, blanche, claire, avec vue sur le jardin tout lavé, tout pimpant de couleurs. Nous sommes retournées autour des trajets, des passages, des mouvements. Elle m’a raconté, enfant et jeune fille, ces voyages en train pour aller en pension à Dignes.

Cela a duré 7 ans.

C'était sur la ligne PLM - Paris Lyon Marseille -

(gare de Digne)

 

"Pour monter au col, la locomotive avait bien du mal, elle s'essoufflait, crachait; s'arrêtait presque ! Les garçons sautaient à terre, faisaient semblant de dompter la bête, la dominaient et couraient à ses côtés tout en ramassant des pommes de pin, ça épatait les filles ! Nous, on  riait on se penchait à la fenêtre et on applaudissait ! Mais les garçons devaient remonter vite quand le train réamorçait sa descente  ! Le train reprenait de sa vitesse et il aurait bien semé les pauvres garçons ! "

Tandis que Paulette se souvenait et en riait encore, sa petite fille de 20 ans est descendue à la cuisine. Puis sa fille est arrivée du travail, son gendre aussi avec son père, et enfin le petit-fils adolescent ! (gare de Barême)

Bientôt sur la table furent posés tartines grillées, bols de thé ou de café et discussions entre générations.

« Ce train dont je parle, existe toujours ! Il a été sauvegardé pour les touristes, c’est le train des pignes ! "

Et Charlotte de s’exclamer,

«  Ah mais ce train là, je le connais ! j’ai vu un reportage télé il y a un an ou deux. L’association qui le gère était en danger, ce sont tous des bénévoles et …Non, Mamy moi je ne savais pas, que tu prenais ce train là pour aller au collège., sinon je l'aurais regardé différemment ce reportage ! En fait, tu sais, je ne connais pas beaucoup  l’histoire de notre famille, je sais juste quelques trucs … C’est bien que tu racontes et que ce soit écrit car moi aussi je vais oublier !  »

 

Ce soir-là, chez moi, sur mon ordi, je voyageais entre Briançon, le col de l’Echelle, Veynes, Barême et Digne. J’effleurais l’Italie et la Méditerranée.

J'opérais de savants calculs mentaux, remontais le temps…, tissais et retissais pour l'avenir, pour Marie, Charlotte et Benjamin -« Oui , alors née en 1920, partie de… à 10 ans…. Machine à vapeur … non … elle n’a pas du connaître, zut, j’ai oublié de demander… Ah 1934 : commande des premiers autorails … surnommés  - Nez de cochon – Tiens je lui demanderai si elle se rappelle de cela… » Monologue avant les questions !

 

Plus loin je lisais :

 

"On dit que ce train s'appelle ainsi parce que sa vitesse permet aux voyageurs de descendre ramasser des pignes de pins, et rattraper le train. En fait la vérité est que jadis, les mécaniciens mélangeaient des pignes au charbon pour faire avancer les première locomotives à vapeur."


Tiens !   Les histoires se rejoignent ! Cela m'amusera toujours de retrouver dans chacune des histoires personnelles un fragment d'une autre histoire ... collective celle-là !                                                                                                                           

Ce qu’il ya de bien avec ce métier, ce sont les rencontres mais aussi les recherches, les recoupements, les voyages dans le temps et dans l’espace !

 
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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 01:05

C’est autour de cette table que tout a commencé.

C'est là que le travail d’écriture a commencé son œuvre pour aller à la rencontre d’une dame espiègle et malicieuse née en 1920 !

 

D’abord papillonner autour des noms de lieux, des noms d’aïeux.

Ensuite essayer de poser des dates. Avant ? Après ?

Après quoi, avant quoi d’ailleurs ?

Quoi dire ? Quoi choisir ?

Par quelle porte entrer, quel fil suivre ?

Puis tout doucement,

Des noms font leur apparition,  reviennent...

… Trajets, passages, allers, retours…

 

Des noms de métiers se  présentent, des métiers de

… Trajets, passages, allers, retours…

Douanier, Facteur par exemple.

Pour être plus exact, il faut donner le lieu aussi.

Douanier, Facteur, ce n’était pas dans les bureaux d’une administration ou dans les grandes rues d’une ville, non !

- C’était douanier par les chemins de contrebande à la frontière italienne, par le col de l’échelle, avant que la route existe,  là où seule une échelle pouvait permettre le passage…

C’était douanier du côté paternel, le grand-père de la dame. Né en 18xx.

- C’était facteur à moto l’été et à ski l’hiver, du côté du Sud là-bas, mais encore en montagne. L’homme était champion de saut à ski, comme une fusée dans le ciel, mais à l’horizontal…

C’était facteur du côté paternel,  le père de la dame. Né en  1892.

Tous deux portaient le même prénom, le même nom.

 

Les … Trajets, passages, aller, retour… ont continué dans la vie de la dame.

D’abord elle accompagnait son père l’été, à moto, dans sa tournée.

Puis, elle-même a entreprit un grand voyage. Pas encore 19 ans, le diplôme complémentaire d’études secondaires en poche, là voilà qui quitte ses Alpes pour traverser la France, seule, et rejoindre son poste d’institutrice dans le Perche. La guerre venait d’éclater. Nous étions en 1939. Un aller.

Neuf mois plus tard, juin 1940, destination le midi. C’était la défaite de la France et l’exode de ses habitants. Un retour.

Et pendant ce temps de guerre ce fut des allers-retours, des histoires de laissez-passer, des passages clandestins par le Jura, toujours seule, toujours très jeune… Autour de la vingtaine.

Des trajets itinéraires, téméraires du Sud au Nord et du Nord au Sud. Des Alpes à la Beauce et de la Beauce aux Alpes. De la terre la plus plate à celle la plus plissée, dans un sens, dans un autre.

 

C’est tout cela que nous ont révélé les mots de cette après-midi. Les mots mais aussi les photos, étonnantes, captivantes photos !

Les yeux de la dame aussi ont parlé ! Pétillants, toujours dans la vie, malgré les temps durs de l’époque. La vie comme un peu une aventure, un terrain de sport, de jeu, de cache-cache…

Peut-être est-ce à force de voir des enfants jouer dans la cour de récréation de l’école, ou  l'héritage de quelques restes aventuriers d’aïeux,  douanier ou facteur !

 

C’est comme ça que l’histoire a commencé, l’histoire d’une vie racontée.

C'était le premier après-midi d'une rencontre qui durera le temps de se dire.

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