Quand je suis partie, il y a deux ans, pour mon petit tour en
France littéraire, j'avais prévu d'aller à la rencontre de
ceux qui font le livre et de ceux qui font vivre le livre.
J'avais envisagé beaucoup de lieux, de situations,
mais je n'avais pas pensé à l'avant, au rassemblement,
pour créer un projet de médiathèque.
C'est pourtant ce que j'ai vécu dans la Nièvre,
à St Amand en Puisaye, il y a plus d'un mois,
dans une grande salle voisine du Musée du grès,
car le village est d'abord connu pour ses poteries.
Cette soirée était organisée
par le Centre Social et Culturel de Puisaye Forterre :
Rencontre participative adressée à tous, pour penser la
médiathèque de ses rêves.
Bien que non-habitante de la commune, j'ai été invitée à
participer à cette rencontre.
" Ce que tu as pu croiser sur ton chemin et ton point de vue
professionnel peut nous servir !"
Je trouve dans le côté nomade, cette chose agréable de pouvoir
être à la fois réceptacle et donneuse - passeuse, et ce,
parfois d'une région à une autre.
Peu importe que le projet ne me concerne pas directement, que je
n'en cueille jamais les fruits. Me plait l'idée de la circulation des
énergies, du tressage des rencontres, du maillage des initiatives.
J'ai donc franchi la porte du château avec plaisir.
Sur la porte vitrée, collée cette affiche
qui donne tout de suite le ton.
Sur la table recevant les idées de chacun, une urne.
Dans la salle, déjà beaucoup de monde, de tous âges.
Ouverture des festivités :
" On est là pour rêver ! "
" Sans censures, on exprime les idées qui nous passent par la
tête, il sera bien temps après d'être limité,
pour des tas de raisons. "
Des papiers de couleurs, nous sont distribués, au hasard.
J'ai le jaune ! Je regarde autour de moi les mains de
chacun pour identifier mes pairs et nous nous retrouvons autour
de la table porteuse de la même couleur.
Bonne idée pour le mélange des personnes,
du brassage des idées.
Un temps est donné, ensuite tout le monde change de table
et donc de sujet !
Diaporama. L'une des images empruntée à Eléa.
Le lieu, les animations, les acteurs, les collections, la
fréquentation, sont les thématiques des cinq tables rondes.
La plus insolite a été, je crois, celle du lieu. On y a parlé aussi
bien d'architecture que d'espaces de vie, d'envies les plus folles.
Dormir avec les livres, presque ... des lits-livres, des hamacs, des
coussins pour se vautrer se détendre, comme à la maison, en
pyjama et en doudous. ( J'étais pourtant venue sans Lapinou).
-- Des espaces silencieux certes,
mais aussi des espaces vivants plus dynamiques,
pour éviter peut-être, la somnolence bêtifiante.
-- Des endroits où l'on peut,
mettre la voix un cran au dessus du chuchotement.
Et puis il faudrait un jardin à tout prix,
pour prendre l'air,
pour se dégourdir les jambes,
où on pourrait faire du land-art aussi !
La table où les références à l'expérience ont été les plus cités fut
sans aucun doute celle de l'animation. Chacun, professionnel ou
simple lecteur, a déjà vécu des activités qui les ont fait rêver ou,
a entendu parler, a envié, telle ou telle animation ailleurs.
Evidemment, j'ai casé l'importance des ateliers d'écriture,
pour enfants, pour adultes et surtout, mon plaisir,
pour un public duo famille.
Il faudrait que la médiathèque ai un raconteur en permanence.
On pourrait tricoter ensemble, oui oui, du vrai tricot,
avec de la laine ! On pourrait faire n'importe quoi de manuel,
mais en écoutant quelqu'un nous raconter quelque chose en lien
avec nos activités !
La table qui a suscité le plus de réactions, de discordes fut
incontestablement celle de la Fréquentation parce qu'elle
touchait les questions économiques.
- Peut-on aller jusqu'à la gratuité de la fréquentation ?
Oui sans discussion, l'espace serait ouvert à tous et gratuit.
- Peut-on aller jusqu'à la gratuité pour les emprunts ?
Là, les avis divergent, mais globalement, se séparent en deux,
ceux qui font à priori confiance, ne niant pas les vols éventuels,
et ceux qui se méfient, cherchant compromis
avec leur ouverture de cœur qui s'invite quand même.
J'en profite pour glisser, qu'en tant que nomade,
la gratuité entière, est la bienvenue.
Je ne peux prendre un abonnement dans chaque
village traversé, j'y laisserai toute ma fortune ! ...
-- Il y a ceux qui ne peuvent penser imagination,
qui veulent se raccrocher absolument à la réalité,
ou tout au moins à celle qu'ils connaissent.
Il me faut des chiffres, des données pour me
prononcer, je ne peux parler pour rien dire.
-- Il y a ceux qui se lâchent totalement,
c'est le moment où jamais !
-- Il y a au milieu de ces défenses d'opinions,
ceux qui écoutent, ne font que ça, laissent rebondir l'info,
puis de temps en temps, glissent un mot puis deux puis trois.
Soudain là où tout était aride, tout devient fleuri.
La parole se libère.
Au fur et à mesure que la soirée avance, les esprits chauffent
d'imagination et le regard vers l'autre évolue.
Au temps du pot d'amitié, les conversations vont bon train.
C'est là que je rencontre Eléa, élève de 6ème, porte-parole et
réceptionniste des idées de cette soirée pour son collège.
Les élèves de 6 ème, du collège Arsène Fié de St Amand
en Puisaye, ont apporté une boite à idée.
Eléa, s'est proposé pour écrire un article, prendre des photos de
cette soirée, voici son article : cliquez ici
Chacun a eu son mot à dire, les jeunes, les moins jeunes, les
insérés dans la société, ou ceux plus en marge.
J'ai beaucoup observé ( admiré même) la communication
d'un petit groupe qui m'a interpellé.
Celui venu, du Foyer Petit Pierre,accueillant
adultes sourds et malentendants avec troubles associés.
Nous avons discuté traduction LDS
j'ai appris par exemple comment se dit Bibliothèque et
Médiathèque avec des mains.
Il aurait fallu une petite vidéo pour donner à voir la langue des signes, à défaut voici 3 petites photos.
Lors de cette soirée ont été sincèrement remercié
les bénévoles de l'actuel espace de lecture.
La recherche du nom de la médiathèque est en cours.
Quelqu'un lance
Et pourquoi pas
Médiathèque de mes rêves ?
Affaire à suivre ...